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États de Splendeur - Publications EDS

Le Métier de la saison. À chaque numéro de la publication, une page est dédiée à un métier particulier, et à une personne qui exerce ce métier. Voici un aperçu des différents métiers, parfois uniques, parfois de véritables vocations, explorés dans États de Splendeur.

Vignette Historique de la saison. Chronique revenant aussi à chaque saison, États de Splendeur se penche sur un personnage, lieu ou fait historique significatif pour aider à comprendre le Québec d'aujourd'hui.

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-Place au marché: Marché Jean-Talon

Source d'un mode de vie montréalais

alambic

Place au marché: Marché Jean-Talon, source d'un mode de vie montréalais.

Jean Talon était l'intendant de la Nouvelle-France qui oeuvra pour que la colonie s'édifie et qu'elle connaisse une certaine qualité de vie. À la fin de son mandat, il pouvait se vanter d'être capable de se nourrir, se loger et de s'habiller de la tête aux pieds, avec des produits faits en Canada. Il n'est donc guère surprenant qu'on ait baptisé le plus important marché public de Montréal d'après son nom.

Patrick Hacikyan/

Historiquement, le marché le plus central et actif de Montréal avait été depuis longtemps le Marché Bonsecours, situé dans le Vieux Montréal, sur la rue Saint Paul. Le premier marché public de Montréal de situait là où est aujourd'hui le Musée d'histoire de Pointe à Callière. Il fût en activité de 1676 à 1803. Lorsque ce premier marché connût assez d'expansion, il déménagea non loin, à la fameuse Place Jacques Cartier.

C'est enfin en 1847 que le fameux bâtiment du Marché Bonsecours fût construit. C'est là que se déroulera 7 jours sur 7 le plus grand marché de Montréal, pendant plus d'un siècle. Il est très populaire, et son activité déborde toujours sur la Place Jacques Cartier.

Marché Bonsecours l'hiver

Autour du Marché Bonsecours, vers 1850

Marché Bonsecours

Extérieur du Marché Bonsecours, vers 1940

L'activité au Marché Bonsecours en tant que marché public se termina vers 1963. L'édifice a failli être démoli. Par chance, il a trouvé d'autres vocations et fait aujourd'hui partie du paysage caractéristique de Montréal. Il accueille aujourd'hui une panoplie d'expositions et de foires, et comporte également quelques boutiques.

Marché Bonsecours en 1922

Le Marché Bonsecours en 1922

Pendant ce temps, le nord de la ville voit sa polulation augmenter, notamment grâce à une communauté Italienne grandissante. Les besoins pour un point de vente de denrées fraîches commence à se faire ressentir de plus en plus. À l'époque, dans les années 1920, le terrain où sera installé le Marché Jean-Talon est occupé par un club de crosse appelé le club Shamrock. Il existe depuis 1868. La ville essaie d'encourager la reprise économique en construisant sur ces terrains le futur marché Jean-Talon. Les terrains du club Shamrock sont donc vendus à la ville en 1931. Aujourd'hui, il ne subsiste plus que la poissonnerie Shamrock qui évoque ce nom issu du passé du lieu où est situé le plus important marché public de Montréal. Le marché sera inauguré en 1933.

Tranquillement, un à un, des commerces viendront s'agglomérer à cette place du Marché. Aux débuts de l'histoire du marché, on l'appelle le Marché du Nord. Mais bien vite, on s'y référera par le nom Jean Talon. La rue qui borde le côté intérieur nord et sud du marché s'appelle d'ailleurs toujours Place du Marché du Nord. La forme du marché et sa superficie restera stable au fil de son histoire, quoique l'offre grandira et dès les années 60, le marché sera peu à peu adopté non seulement par les habitants du quartier Villeray, appelé aussi Petite Italie, mais par les Montréalais et même par les habitants de la région de la métropole au sens large. Un véritable mode de vie acclimaté aux saisons se diffuse autour de ce marché. Montréal comporte alors plusieurs autres marchés bien plus anciens, mais ce marché bénéficiera de son emplacement, son offre et de la diversité de sa population environnante.

Simon Beaudoin Marché des Saveurs du Québec

Simon Beaudoin, du Marché des Saveurs du Québec au Marché Jean-Talon

Simon Beaudoin Maison des vins et boissons artisanales du Québec

La Maison des vins et boissons artisanales du Québec, au Marché Jean-Talon

En 2000, l'arrivée d'une boutique donnera le ton d'un certain renouveau au marché. Fort de la remise en valeur des produits régionaux du Québec et de la consommation locale en place depuis la fin des années 1990, une boutique offrant une synthèse de ce qu'une part croissante du public recherche, prend pignon sur Place du Marché du Nord. Ainsi, le Marché des Saveurs du Québec, sous la direction de Suzanne Bergeron et d'Antonio Drouin, ouvre ses portes pour offrir exclusivement des produits régionaux ainsi que des produits du terroir du Québec. Alcools artisanaux, produits de petits fruits, confections, ainsi qu'une charcuterie et fromagerie en bonne et dûe forme feront le bonnheur de la clientèle. C'est dans cette lignée que l'engouement du public pour les produits des marchés publics grandira jusqu'à la véritable renaissance que nous connaissons de manière internationale en occident depuis environ 2015.

Marché Jean Talon

En 2004, un autre moment charnière est atteint lors de la grande rénovation du Marché Jean-Talon. Le chantier construira une grande aire intérieure où plusieurs étalages peuvent s'installer été comme hiver. Ainsi beaucoup de nouvelles boutiques permanentes sont ouvertes dans ce nouveau bâtiment, et le public découvre une fois de plus une offre enrichie. Il y aura également une mezzanine de laquelle, notamment, l'émission Des kiwis et des hommes sera diffusée en direct entre 2005 et 2012. Cette émission reflètera une période de croissance pour le marché.

Aujourd'hui, à l'aube de 2018, le marché Jean-Talon regorge de plusieurs kiosques et boutiques offrant produits exotiques et aussi surtout produits régionaux authentiques. Une bonne part des boutiques y vendent leur propre production. Plusieurs charcuteries et fromagers y vendent leurs produits chéris. Certains, telle la boutique Les jardins sauvages y vendent produits sauvages cueillis avec soin par le fameux cueilleur François Brouillard. Une multitude de produits frais et conservés peuvent être trouvés dans les étalages très fournis de ce marché. De plus, le marché est de plus en plus une halte très appréciée par ceux qui veulent casser la croûte. On a l'embarras du choix et s'asseoir à l'un de ces établissements pour siroter un café ou croquer un morceau est toujours une expérience vivifiante et apaisante à la fois. Il s'agit d'un environnement doté d'une atmosphère qui aiguise l'appétit.

Marché Jean Talon Montréal

Bien des endroits sont à visiter à Montréal, mais au delà des monuments et musés, un incontournable, si l'on veut bien humer l'atmosphère typique de la métropole du Québec, est le Marché Jean-Talon. Il s'agit d'un endroit des plus invitants. À travers les années, bien au delà de Villeray et de la Petite Italie, ce marché à su tisser des liens avec la population de la ville. Il fait partie intégrante des us et coutumes. Que l'on le visite une seule fois par année, ou à chaque semaine, cet endroit en est toujours un qui nous donne une certaine satisfaction paisible de l'avoir parcouru et encore plus lorsque l'on en revient avec une trouvaille ou ce que l'on recherchait. Il possède une influence sur nos habitudes culinaires, ainsi que sur l'art de vivre Montréal en général. Aller au Marché Jean-Talon, c'est un peu se ressourcer en s'abreuvant à la source même des rois de la terre que sont les agriculteurs et producteurs de délicieuses denrées. C'est un lieu où des gens de toutes origines et de tous horizons se sentent concernés. Un véritable poumon de la qualité de vie de cette splendide ville.

Voir le vidéo Place au marché sur le Marché Jean-Talon, ci dessous.

Montréal vue centre-ville